Voir plus loin que son handicap
« Ne laissez jamais un handicap ou une faiblesse vous empêcher d’atteindre vos objectifs, déclare Rabin Betkhoodoo, âgé de 45 ans. Vous devez regarder au-delà des obstacles si vous voulez réussir dans le domaine que vous avez choisi. »
Rabin est né en Iran, en 1976, issu de la communauté assyrienne. Il est venu au monde atteint de paralysie cérébrale spastique quadriplégique — une incapacité à contrôler les mouvements des jambes, des bras et du corps. Incapable de parler, il a appris à communiquer au moyen d’un ordinateur sur lequel il tapait avec le gros orteil. Actuellement, avec le soutien de l’Armée du Salut, Rabin poursuit son objectif de mettre sur pied sa propre entreprise de graphisme.
Maladie congénitale
Rabin était incapable de communiquer avec son entourage en raison de son incapacité à utiliser les muscles de son visage et de son corps.
« Je ne pouvais même pas communiquer avec les membres de ma famille. Ces moments ont été pénibles », explique Rabin. La détermination de ses parents a été pour Rabin une inspiration qui l’a encouragé à ne jamais pas lâcher prise.
« L’Iran est un pays constamment en proie aux conflits et aux luttes, dit Rabin. Les ressources pouvant répondre à mes incapacités physiques n’étaient pas disponibles. Mon père a quitté son emploi et a déménagé sa famille en Turquie, où le climat politique était plus calme, dans l’espoir d’émigrer aux États-Unis où je pourrais recevoir des soins appropriés. »
Malheureusement, la famille a appris que les États-Unis n’acceptaient plus d’immigrants, et est demeurée en Turquie pendant deux ans. Lorsqu’elle a su que le Canada était disposé à l’accueillir, elle a entamé les procédures requises.
« Pour obtenir un visa de sortie, je devais prouver aux autorités sanitaires que j’étais en mesure de compter et de réfléchir, déclare Rabin. À l’hôpital, j’ai battu mon père cinq fois aux dominos! Nos papiers ont été approuvés, et nous sommes allés nous installer à Hamilton (Ontario). J’avais 13 ans. »
Nouvelles façons de communiquer
Le père, la mère et la sœur de Rabin ne parlaient pas l’anglais. C’est la mère qui a accompagné Rabin à l’école élémentaire, le jour de la rentrée.
« Ma mère m’avait dit de faire oui ou non de la tête, se rappelle Rabin. Nous ne comprenions pas ce que disaient les gens. »
Le lendemain, des thérapeutes ont rencontré Rabin à l’école. Il a leur a montré, ainsi qu’à son enseignante, qu’il pouvait se servir d’un ordinateur en tapant avec le gros orteil du pied droit. Quelques mois plus tard, on lui a procuré un ordinateur doté de la fonction Appuyer-pour-parler, ce qui lui a permis d’apprendre rapidement la langue et la grammaire anglaises.
Rabin avait toujours espéré que la chirurgie pourrait le guérir. Il voulait être en mesure de parler et de se déplacer par lui-même. Mais les médecins lui ont dit que cela était impossible.
« J’étais extrêmement contrarié, révèle Rabin. L’idée de ne jamais pouvoir marcher et parler l’assyrien, ma langue natale, m’était insupportable. »
Rabin a fréquenté l’école élémentaire pendant un année seulement avant de passer au secondaire, de sorte que sa maîtrise de la langue était limitée. Heureusement, l’ordinateur qu’on lui avait fourni était doté d’un dictionnaire qui lui permettait de faire des phrases complètes. Plus tard, grâce à un nouveau système de synthèse vocale, il se servait de son gros orteil pour s’exprimer en tapant sur le clavier.
« J’envoyais des courriels et j’écrivais des récits et des nouvelles, dit Rabin. Je bavardais avec des amis et jouais à des jeux sur Internet. »
Atteindre des objectifs à long terme
À 20 ans, Rabin a obtenu son diplôme du secondaire. Il s’est ensuite inscrit à un collège communautaire, où il a obtenu un certificat en applications commerciales pour Windows.
« Je suis extrêmement fier de ce que j’ai accompli et persuadé que je peux atteindre les objectifs que je me fixe, confie Rabin.
Rabin utilise maintenant un ordinateur qu’il contrôle avec sa chaussure. Il a cherché de l’aide auprès des services à l’emploi PATH afin d’atteindre ses objectifs de carrière. Entre-temps, il s’est perfectionné dans la conception de cartes professionnelles, d’invitations de fête, de prospectus, d’affiches et de calendriers. En 2016, l’organisme Catholic Family Services d’Hamilton a aiguillé Rabin vers l’Armée du Salut. Ce dernier s’est inscrit au centre Lawson Ministries de l’Armée du Salut, à Hamilton, qui offre à des personnes aux prises avec des troubles de développement et à leurs familles un programme axé sur l’inclusion sociale.
« Le personnel de l’Armée du Salut m’a constamment encouragé, souligne Rabin. J’ai participé au programme d’art numérique offert par l’organisation, et grâce à des conversations et à des interactions hebdomadaires, je me suis fait de nouveaux amis et j’ai amélioré mes compétences en grammaire, en orthographe, en lecture et en écriture. »
Des employés de l’Armée du Salut ont demandé à Rabin de concevoir des cartes de fête et des prospectus lors d’activités spéciales.
« Grâce à mes parents qui m’ont appris à ne jamais abandonner et au soutien de l’Armée du Salut qui m’a aidé à atteindre mes objectifs, je suis maintenant prêt à lancer ma propre entreprise. Et c’est un sentiment merveilleux. »
Linda Leigh