L’Armée du Salut a entrepris son œuvre en 1865, à Londres, lorsque William Booth, ministre du culte, a abandonné le concept conventionnel de l’église et renoncé au confort de sa chaire pour porter son message d’espoir aux pauvres, aux sans-abri, aux affamés et aux indigents. En 1867, l’Armée du Salut était devenue une organisation qui offrait une formation scolaire de base, des salles de lecture, des caisses d’épargne, des soupes populaires et de l’aide d’urgence aux démunis.
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L’Armée du Salut entreprit son œuvre au Canada en 1882, quinze ans seulement après la création de la Confédération, et se mit rapidement à l’œuvre pour donner de l’espoir aux personnes dans le besoin.
Les premières « réunions » en plein air, ou services du culte, eurent lieu à Toronto en janvier 1882 et, cinq mois plus tard, à London, en Ontario. Ces services étaient célébrés par des immigrants britanniques qui avaient connu l’Armée du Salut dans leur pays d’origine. C’est en juillet de cette année-là que l’Armée commença officiellement ses activités, lorsqu’un officier américain, le major Thomas Moore, en prit le commandement. Il y avait alors, en Ontario, onze « postes » ou congrégations. Un an plus tard, le Canada devenait un « territoire » indépendant, responsable de sa propre administration au sein de l’organisation mondiale.
Dès ses débuts, l’Armée du Salut au Canada adopta la philosophie de son fondateur, William Booth, qui se résume ainsi : « À quoi bon prêcher le salut aux affamés? ». C’est à ce moment que prit naissance le concept de « soupe, savon et salut », qui se modifia avec les années pour devenir le programme complet de services sociaux de l’Armée du Salut. Aujourd’hui, un grand nombre de ces services sont offerts en partenariat avec le gouvernement.
Dans les premiers temps, l’Armée du Salut et ses méthodes suscitèrent beaucoup d’opposition de la part de politiciens municipaux et d’autres intérêts bien établis. Les salutistes étaient souvent battus et emprisonnés pour les activités qu’ils tenaient dans les rues des villes et des villages du Canada. Malgré cela, le mouvement fut éventuellement accepté lorsqu’il démontra les avantages sociaux qui découlaient de ses activités. Le travail social auprès des hommes débuta en 1890 avec l’ouverture d’une maison de transition pour anciens détenus, à Toronto. La même année, un foyer pour enfants fut créé. Le premier centre d’hébergement pour femmes enceintes, précurseur des hôpitaux Grace de l’Armée du Salut, fut ouvert à Saint John, au Nouveau-Brunswick, en 1898. En 1901, l’Armée du Salut proposa au gouvernement fédéral l’adoption d’un programme de probation qui donna naissance au premier programme de libération conditionnelle du Canada. En 1908, un programme de récupération (aujourd’hui appelé service de recyclage) fut mis sur pied à Toronto, ouvrant ainsi la voie à la création des magasins d’occasions bien connus. En 1911, le premier centre de détention pour jeunes délinquants fut établi au Manitoba. Sa gestion fut confiée à l’Armée du Salut. La même année, une colonie agricole voyait le jour à Coombs, en Colombie‑Britannique.
Le statut de l’Armée du Salut fut officialisé en 1909, lorsque le Parlement canadien édicta une loi qui accorda à l’organisme une capacité juridique. Sa direction fut confiée au Conseil de direction de l’Armée du Salut au Canada, qui remplit ce rôle encore aujourd’hui. Au début, le territoire du Canada était dirigé principalement par des officiers (membres du clergé) britanniques et américains, mais à partir de 1903, l’ouverture d’un collège de formation centralisé à Toronto permit aux salutistes canadiens d’accéder davantage aux postes de direction.
En 1914, l’Armée du Salut fut touchée de près par la tragédie nationale du naufrage de l‘Empress of Ireland, dans le fleuve Saint-Laurent. Le navire transportait plus de 150 salutistes, en route vers Londres, où ils devaient participer à un congrès international. La plupart d’entre eux, y compris le dirigeant national et les membres de la fanfare de l’état-major canadien, périrent. Ce n’est qu’en 1969 que la fanfare de l’état-major canadien s’est reformée.
La participation du Canada à la Première Guerre mondiale donna lieu à la nomination du premier officier de l’Armée du Salut au poste d’aumônier dans les Forces canadiennes, ainsi qu’au don de cinq ambulances motorisées aux troupes en service outre-mer. À la fin de la guerre, l’Armée du Salut établit des centres d’hébergement à Kingston, à London, à Toronto, à Winnipeg et dans d’autres villes, à l’intention des soldats qui revenaient du front.
L’innovation en matière de services sociaux se poursuivit même avec l’expansion de l’organisme. Le premier foyer pour personnes âgées (Eventide Home) fut fondé à Edmonton, en 1926, tandis que les hôpitaux Grace ouvraient leurs portes dans les principales villes du pays.
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, les officiers de l’Armée du Salut accompagnèrent les Forces canadiennes outre-mer, non seulement en qualité d’aumôniers, mais comme administrateurs des Maple Leaf Clubs, où les troupes pouvaient se reposer et se détendre. À la fin de la guerre, on comptait des clubs en Allemagne, en Angleterre, en Belgique, en France, en Hollande et en Inde, où travaillaient en grande partie des Auxiliaires de l’Armée du Salut, dont certaines avaient à peine 20 ans. On s’y sentait un peu comme à la maison : on pouvait manger des plats typiquement canadiens, faire suivre son courrier, participer à des activités sociales, y compris la danse, et se loger provisoirement. À la fin du conflit, dans les ports canadiens, les salutistes accueillaient les « épouses de guerre » des militaires de retour de l’étranger.
Après la guerre, d’autres services sociaux novateurs furent mis en œuvre, y compris un centre de prévention du suicide ainsi que des programmes d’aide aux victimes et aux témoins, qui ont par la suite été annexés au système de justice pénale.
La structure quasi militaire de l’Armée du Salut permet de répondre rapidement aux besoins urgents, comme à l’explosion de Halifax, aux inondations de Winnipeg, à la tempête de verglas au Québec et au 11 septembre, pour n’en nommer que quelques-uns. Comme la composition ethnique et culturelle du pays a changé, la démographie de l’Armée a changé. Les salutistes pratiquent maintenant officiellement le culte en 11 langues et fournissent des services dans de nombreuses autres langues.
L’Armée du Salut au Canada a formé de nombreux dirigeants exceptionnels qui se sont illustrés, non seulement sur la scène nationale, mais aussi à l’échelle mondiale. En 1975, Clarence Wiseman a été élu général (dirigeant international) de l’Armée du Salut. Arnold Brown lui a succédé en 1977. En 1993, Bramwell Tillsley a été nommé général, mais il a dû se retirer l’année suivante, en raison de problèmes de santé. En 2011, Linda Bond est devenue la dix-neuvième titulaire de la fonction de général de l’Armée du Salut. Depuis 2018, Brian Peddle est le 21e général de l’organisation qui compte plus d’un million de membres et est présente dans 130 pays.
Aujourd’hui, l’Armée du Salut est le plus important fournisseur de services sociaux de première ligne au Canada après le gouvernement. Chaque année, elle s’efforce de donner de l’espoir et du soutien à plus de 2,6 million de Canadiens, dans près de 400 collectivités. En outre, l’Armée offre une aide concrète aux familles et aux enfants en pourvoyant aux nécessités de la vie, en fournissant des refuges aux sans-abri et en offrant des programmes d’aide aux toxicomanes.
Depuis plus de 125 ans, grâce à sa campagne des marmites de Noël, l’Armée du Salut recueille des fonds pour répondre à la demande de services. Au fil des ans, la campagne des marmites de Noël est devenue l’une des activités de financement les plus importantes et reconnues au Canada.
L’Armée du Salut s’adapte aux besoins changeants de la société, tout en restant fidèle à ses valeurs et à ses objectifs. Des programmes efficaces et novateurs – cuisine communautaire, enseignement de nouvelles compétences et programmes de traitement de jour de la toxicomanie – répondent aux besoins grandissants des collectivités.
L’Armée du Salut au Canada compte maintenant 590 officiers d’active (membres du clergé), plus de 15 000 soldats (membres d’églises) et près de 29 000 membres adhérents, c’est-à-dire des personnes qui reconnaissent l’Armée comme leur confession, mais qui ne sont pas membres officiels. On dénombre environ 285 postes (églises) et plus de 130 établissements de services sociaux de divers types. En plus de ses milliers de bénévoles, l’Armée compte plus de 9 000 employés dans le territoire du Canada et des Bermudes. De plus, trente officiers et travailleurs laïques canadiens servent à l’étranger, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à l’Afrique du Sud.
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L’Armée du Salut internationale a célébré son 150e anniversaire
Du 1er au 5 juillet 2015, plus de 15 000 salutistes et amis de l’Armée du Salut – dont 1 000 venant du Canada – se sont réunis à Londres dans le cadre du congrès Sans Frontières, afin de célébrer 150 années consacrées à procurer de l’aide et de l’espoir aux personnes vulnérables du monde entier.
Aujourd’hui, l’Armée du Salut est à l’œuvre dans 130 pays, et sa mission consiste à répondre aux besoins essentiels des gens sans discrimination, à exercer une influence transformatrice et à défendre la dignité de tous les êtres humains.