Une survivante de la traite de personnes reprend sa vie en main

Victoria speaks at Salvation Army breakfast
by The Salvation Army in Canada
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En voyant Victoria Morrison, on ne soupçonnerait pas qu’elle a été victime de la traite des personnes. Elle est aussi sûre d’elle‑même que quiconque, et la preuve vivante qu’on peut reprendre sa vie en main et la transformer malgré les circonstances. Posée et confiante, Victoria s’exprime clairement. C’est grâce à sa forte personnalité qu’elle a pu aider d’autres personnes. Mais il fut un temps où elle était elle-même une victime.

 

Victoria s’est enfuie sans rien d’autre que les vêtements qu’elle portait, tachés de son propre sang.

 

Victime de la traite des personnes et contrainte à se prostituer, elle avait enduré une raclée de trop. Son instinct de survie a fini par se manifester. Elle a téléphoné à un acheteur de services sexuels pour lui demander de lui apporter un paquet de cigarettes.

 

Victoria est sortie sur le trottoir pour le retrouver. En ouvrant la porte avant du véhicule, elle s’est rendu compte qu’elle avait une chance de s’échapper.

 

« Emmenez-moi à un poste de police », a-t-elle supplié, tandis qu’ils s’éloignaient à toute allure.

 

Portrait of Victoria

Portrait of Victoria

Volonté de survie

Victoria a vécu une enfance heureuse et était une élève brillante. Mais vers le milieu de la vingtaine, elle était devenue stripteaseuse et toxicomane.

 

Comment cela avait-il pu se produire?

 

« J’étais en première année d’université et j’aimais étudier, mais je suis devenue amie avec une camarade de classe qui était stripteaseuse. Je pensais pouvoir travailler de nuit pour payer mes études. J’ai commencé à consommer de l’alcool, et j’étais trop fatiguée pour assister à mes cours, ce qui a fait chuter mes résultats scolaires. »

Victoria estimait pouvoir interrompre ses études pendant une année pour mettre un peu d’argent de côté, mais elle a vite été amenée à adopter le mode de vie associé à son milieu de travail.

 

« Je consommais surtout de la cocaïne, parfois des analgésiques et de l’alcool », mentionne Victoria.

 

Elle a ensuite commencé à fréquenter un homme qu’elle avait rencontré par l’entremise d’amis communs.

 

« Il était très gentil au début. Ils le sont tous. »

 

C’était le couple idéal. Elle avait développé une dépendance à la drogue, et lui en vendait. Au printemps 2018, il l’a obligée à déménager à Winnipeg, en menaçant sa famille et ses amis si elle ne le faisait pas. L’homme que Victoria croyait être son compagnon est devenu son trafiquant, puis elle s’est enfoncée davantage dans la toxicomanie.

 

« Je ne pouvais rester sobre pour accomplir ce qu’il me demandait, explique‑t‑elle. Je faisais face à la situation en me droguant. »

 

Victoria a subi de la part de son trafiquant des sévices incroyables, presque trop dérangeants et pénibles à décrire : elle a été électrocutée, étranglée, frappée avec un poteau métallique et a subi une fracture du nez. Ces mauvais traitements ont brisé Victoria sur le plan psychologique. Elle a souvent cru qu’elle allait mourir.

 

« Je n’arrêtais pas de me dire : “S’il y a un Dieu, je jure d’utiliser ce qui reste de ma vie pour faire le bien.” »

 

Après trois mois et demi de prostitution forcée, la possibilité de s’échapper s’est présentée, et Victoria a eu le courage extraordinaire de la saisir.

 

« J’ai tout laissé derrière. Je n’avais ni argent ni pièce d’identité. Je m’en fichais. J’étais libre. »

D’une ancienne victime à une autre

Victoria a passé cinq jours à l’hôpital, où elle a découvert que ses reins fonctionnaient mal en raison des coups qu’elle avait subis. C’est là qu’elle a rencontré Alice (nom fictif), intervenante des services correctionnels et de justice de l’Armée du Salut, à Winnipeg.