Souvenirs de l’Armée du Salut en temps de guerre

Du débarquement sur les plages de Normandie jusqu’à la libération de la Hollande, Henry, originaire de Dartmouth (Nouvelle-Écosse), a fièrement servi son pays pendant la Deuxième Guerre mondiale. Au fil des années, il a fait part de ses nombreux récits de guerre à sa fille Mary. L’un d’eux lui est toujours resté en mémoire : le dévouement de l’Armée du Salut.
Mary se souvient que son défunt père lui avait expliqué que l’enrôlement dans les Forces canadiennes n’était pas obligatoire lors de la Deuxième Guerre mondiale. « Il avait joint les rangs du régiment canadien pour une raison particulière : l’avenir de sa fille », raconte Mary. « Le Canada est le meilleur pays dans lequel une petite fille puisse grandir », disait Henry.
Un grand nombre de jeunes se sont enrôlés dans l’armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Henry, dont la famille originaire de la France s’était installée dans les Cantons-de-l’Est, avait manifesté de l’intérêt pour la cause et avait décidé d’aller défendre la liberté de ses compatriotes.
« On voyait partout des bénévoles qui transportaient des vivres et du matériel pour les soldats sur des charrettes tirées par des chevaux. »
À 35 ans, Henry était considérablement plus âgé que la plupart des jeunes qui s’enrôlaient. Lorsqu’Henry s’était présenté dans un centre de recrutement, de peur d’être refusé, il avait menti sur son âge, prétextant être dans la vingtaine. Il avait joint les rangs de l’armée à Montréal, puis suivi une formation à Debert, en Nouvelle-Écosse, et ensuite à Halifax, avant de partir pour Londres à bord d’un navire de la marine. Pendant son séjour à Halifax, il avait rencontré et épousé Josephine. De cette union est née leur enfant unique, Mary.
C’est en arrivant à Londres qu’Henry a découvert l’Armée du Salut. Le Blitz, nom donné à la campagne de bombardement de Londres, avait déjà commencé. Mary entend encore son père lui raconter : « Il y avait des membres de l’Armée du Salut à chaque coin de rue. On voyait partout des bénévoles qui transportaient des vivres et du matériel pour les soldats sur des charrettes tirées par des chevaux. Ils servaient des biscuits et du thé et distribuaient des couvertures. »
Henry a servi en Angleterre, en Belgique, en France et aux Pays-Bas, et a pris part au débarquement sur les plages de Normandie. En raison de leur grand nombre, les soldats devaient attendre pendant des heures avant de pouvoir débarquer. Henry comparait son embarcation à une « boîte de conserve », car ils étaient ballotés par de grandes vagues. Un grand nombre d’entre eux souffraient du mal de mer. L’un des moments les plus éprouvants pour Henry avait été de voir ses compagnons d’armes morts et blessés qui jonchaient la plage.
« L’Armée du Salut était partout. Les soldats de Christ étaient partout. »
Henry faisait partie des troupes qui ont libéré la Hollande. Après avoir servi dans l’armée pendant cinq ans et demi, le père de Mary est rentré au pays et s’est installé à Dartmouth. Il est décédé de ses blessures de guerre à l’âge de 60 ans. Des éclats d’obus logés dans une hanche l’avaient fait souffrir avant qu’un cancer ne l’emporte. Tout au long de sa vie, Henry a appuyé la cause de l’Armée du Salut. Il avait été témoin de son dévouement et du bien qu’elle avait accompli pendant la guerre. « Il croyait à sa mission, dit Mary. L’Armée du Salut était partout. Les soldats de Christ étaient partout. »